Des « stress tests » pas très stressants
Flashback : nous sommes le 23 juillet 2010. Le monde financier et politique s’auto congratule. La majorité des banques européennes passent sans encombre les « stress tests ». Des tests de résistance avec des scenarii de crise variés. Bilan ? Elles sont solides et la zone euro est sauvée. Parmi celles qui sont déclarées assez solides pour surmonter une crise dure, deux banques irlandaises : Bank of Ireland et Allied Irish Banks.
Le 23 juillet, le ministre des finances, Brian Lenihan, se félicitait de ce résultat. « Les mesures prises par le gouvernement mettent les banques irlandaises dans une position qui leur permet de faire face aux chocs éventuels ». Même les agences de notations se réjouissaient : dans son étude semestrielle sur les banques irlandaises, Fitch expliquait doctement fin juillet que les récents stress tests montraient une amélioration de la confiance des investisseurs vis-à-vis l’Allied Irish Banks et Bank of Ireland. Les mêmes agences qui ont, depuis, abaissé les notes des banques irlandaises…
C’était le bon temps.
Depuis, la réalité économique a servi de mur. Et l’Irlande est venue s’emplafonner dessus. Le secteur bancaire irlandais est moribond et a nécessité une perfusion de plusieurs milliards d’euros.
Allied Irish Banks notamment a notamment été portée à bout de bras par le gouvernement depuis juillet et elle est même en passe d’être complètement nationalisée. Allied Irish Banks prévoit de lever 5,4 milliards d’euros supplémentaires en novembre. Et comme la banque n’est pas certaine de lever ces fonds, l’augmentation de capital est garantie par le gouvernement. Les agences de notations ont fait plonger début octobre leur appréciation à un niveau que l’on peut aisément qualifier de proche de zéro. En tout, les besoins de recapitalisation de Allied Irish Banks s’élèvent à 10,4 milliards d’euros. Une paille que les stresseurs de banque n’avaient visiblement pas vue en juillet… De deux choses l’une, soit ces tests étaient biaisés et mal faits, ce que nous suggérions à l’époque, soit on prend le public pour un con. Non ?