François fillon, caution morale de l’équipe Sarkozy ?
Un vrai pompier. Le premier ministre passe désormais son temps à éteindre les incendies allumés par Nicolas Sarkozy et sa garde rapprochée (Brice Hortefeux et les Roms, Christian Estrosi et sa tirade “français ou voyou il faut choisir”, etc.). Hier, François Fillon a fait un aller-retour express à Bruxelles, histoire de déminer la situation plus qu’explosive créée par Nicolas Sarkozy avec les expulsion de Roms d’origine roumaine et bulgare.
Pour un peu, François Fillon apparaitrait comme une sorte de caution morale. Il serait le yin tandis que Nicolas Sarkozy serait le yang. François Filon semble désormais être celui qui est posé, réfléchi, le réformateur qui sait garder son calme. En bref, une sorte d’alternative à Nicolas Sarkozy pour la future présidentielle. Un compromis entre la droite dure et la droite à fibre “sociale”.
Ce serait oublier un peu vite que Nicolas Sarkozy et l’équipe dont il s’est entouré sont solidairement responsables de leurs actions. Solidairement, ils mettent à mal le contrat qui unit les Français. Solidairement ils égratignent chaque jour un peu plus cette démocratie. Solidairement, ils insultent notre intelligence. Solidairement, ils détruisent les acquis sociaux. Dire cela, ce n’est pas être un crypto-gauchiste rigide. Dans acquis sociaux, il y a acquis. C’est à dire : amélioration. Et sociaux qui induit : vie. L’amélioration des conditions de vie.
Si l’on cherche un coupable de ce qui se passe en ce moment, il ne suffit pas de désigner Nicolas Sarkozy. Il faut à la fois lister les membres de l’équipe au pouvoir, les fonctionnaires zélés qui appliquent ou font appliquer leurs décisions. Et il faut se regarder dans un miroir. Ceux qui lui ont délégué leur pouvoir, mais aussi ceux qui silencieusement, le laissent usurper et user de leur pouvoir.
Où est le peuple, dont on dit qu’il est souverain ? Où sont les constitutionnalistes ? Où sont les ténors de la politique ? Où sont les philosophes ? Pas dans la rue. Et pourtant…
Pourtant, il y a matière à s’offusquer de cette lente transformation du pays. De ce changement de paradigme.
Qui se souvient qu’avant l’été, les forces de l’ordre trainaient une femme et son bébé sur plusieurs mètres (voir à partir de 2:20) ?
Qui sait ce qu’il est advenu de ces fonctionnaires de police ? Un blâme peut-être ? Non ? Où est la presse ? Ne devrait-elle pas poser les questions qui fâchent, chaque jour, inlassablement, jusqu’à obtenir une réponse ? Une initiative salutaire qui avait été tentée en Italie.
Le ministre de l’intérieur estime publiquement que quand il y a trop d’arabes d’auvergnats, c’est un problème ? Il est condamné pour cela ? Et alors ? Le même ministre pond une circulaire visant explicitement les gens du voyage ? Quel souci ? Il va personnellement signer la même circulaire mais cette fois, sans le mot “Rom” ou “gens du voyage”. Et hop plus de probème. Circulez, il n’y a rien à voir. Sauf que justement, si, il y a quelque chose à voir. Il y a l’affichage d’un gouvernement que rien ne choque. Qui n’a aucunes limites et qui, une fois pris la main dans le sac, ne comprend même pas pourquoi quelques démocrates s’émeuvent. L’Europe, le pape, l’ONU, les Etats-Unis fustigent l’attitude de la France ? Et alors ? Le rienafoutrisme bat son plein.
Eric Woerth confond intérêts personnels, amitiés sulfureuses et intérêt général ? Pas grave. C’est une entreprise de démolition, pure calomnie. Les lettres qu’il a lui même signées ? Il ne les a jamais écrites. Confronté aux écrits, il lui suffit de dire que c’est courant. Ca passe.
La direction centrale du renseignement intérieure mise à contribution pour identifier une source journalistique ? Même pas vrai. Enfin, si, mais en fait on a surtout identifié la source. Comment ? Mystère. Ca passe aussi. La même DCRI instrumentalisée pour trouver la source de rumeurs sur les supposées infidélités croisées du couple présidentiel ? Essentiel nous dira-t-on. Car les rumeurs, quand il y en a une ça va, c’est quand il y en a plusieurs que ça ne va pas.
Et quand ça ne va pas, ça ne va pas !
Il y a quelque chose qui ne fonctionne plus dans ce pays. Ou trop bien. Au profit de quelques fossoyeurs.