Il y a un certain nombre de choses que l’on peut reprocher à Nicolas Sarkozy. Bien sûr il y a ses échecs économiques, ses réactions à contre-temps dans ce domaine, sa politique ultra-libérale et son application à détricoter le système social français. Mais ce qui n’est pas une “erreur” de sa part, ce qui est particulièrement assumé et particulièrement condamnable, c’est son mépris. De gauche ou de droite, tous ont mené une politique de classe. Généralement au profit des plus aisées. Mais rares sont ceux qui ont allié cette politique de classe à un mépris profond pour les “autres”. Ceux qui ne sont pas membres de la caste. Rares sont ceux qui ont autant stigmatisé les “autres”.

Au lieu d’embrasser un rôle de rassembleur de la population, et donc, d’insuffler en son sein des idées altruistes et positives, Nicolas Sarkozy a soufflé sur des braises particulièrement dangereuses. Il n’est pas improbable que la tranche habituelle des votants du Front National soit ralliée en 2012 par tous ceux qui ont vu ce feu (avec tout ce qu’un feu a de destructeur) entretenu par Nicolas Sarkozy.

Il y a eu le débat sur l’identité nationale, il y a eu la Burqa. Il y a eu Brice Hortefeux et ses Auvergnats, Benjamin Lancar et “l’islamisation de l’équipe de France de football”, Nadine Morano et les casquettes, etc.

Voici que, rebondissant à son habitude sur des incidents en banlieue, Nicolas Sarkozy en profite pour stigmatiser, cette fois, les Roms.

Nicolas Sarkozy a annoncé la tenue d’une réunion sur les gens du voyage. “Les événements survenus dans le Loir-et-Cher soulignent les problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms”, a affirmé le chef de l’Etat. “Je tiendrai une réunion à ce sujet le 28 juillet. Cette réunion fera le point de la situation de tous les départements et décidera les expulsions de tous les campements en situation irrégulière.” Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, a tout de même tenu à préciser que le chef de l’Etat ne cherchait pas “à stigmatiser une communauté”. (Source Europe1-AFP)

Quand on connait les trésors d’imagination que développent déjà les élus locaux pour éjecter les gens du voyage de leurs communes, on imagine que leur situation va s’améliorer. Ne parlons même pas de Paulo qui est soudain conforté par le président de la république lui-même.

Paulo qui disait hier au Bar des Amis à son copain Gérad que quand même “ces gitans, là, ce sont des voleurs. Dans le temps ils volaient des poules, mais aujourd’hui, hein… C’est bien pire, tu vois ce que je veux dire Gérard…”

En même temps, si ils portaient un signe distinctif, on pourrait les reconnaître ces roms. Ca permettrait de prévenir toutes leurs actions répréhensibles. Car c’est bien connu, ils ont ça dans le sang, c’est lié à leur race. Non ? Un petit signe. Pas une étoile, c’est connoté. Un tatouage ? Limite…

Vous trouvez qu’Aporismes exagère ? Que jamais dans ce pays cela pourrait arriver ?

Relisez cet article de Libération. Vous verrez qu’en France, en 2009, la gendarmerie n’a pas trouvé choquant pour un sou de marquer des Roms avec un tampon encreur. Histoire de faire un tri. C’est à ce genre d’actions, au fait que ses auteurs n’y voient vraiment rien à redire, même avec le recul que l’on peut mesurer à quel point Nicolas Sarkozy a instauré une république du mépris.

Or, du mépris à la haine, il n’y a qu’un pas.

Cet article a déclenché une discussion entre l’auteur et un autre membre d’Aporismes.com. L’idée étant que selon lui, on ne peut banaliser ainsi la Shoah. Il n’y a aucun rapport entre les Roms aujourd’hui, ou les Français d’origine étrangère en général et le massacre des Juifs par les nazis. Jamais une telle haine n’a été développée sur tous les continents contre une population au fil des siècles. J’amais des lois n’ont été votées pour interdire à une tranche de la population, dans plusieurs pays, pour leur interdire de travailler, pour leur confisquer leurs biens, etc.

C’est juste.

“Laisse la Shoah aux Juifs”, me disait ce membre d’Aporismes.com.

Loin de moi, bien entendu l’idée de banaliser la Shoah. Au contraire.

Mon propos était le suivant. Si les intellectuels de tous bords s’étaient levés contre l’antisémitisme au fil des siècles, au lieu, souvent, de le renforcer, on aurait peut-être pu éviter ce qui est à la fois un génocide sans précédent et une leçon pour l’humanité.

Les génocides, s’ils surviennent -et je ne pense pas que ce sera le cas avec les Français d’origine étrangère- s’appuient sur une lente banalisation de la haine contre les communautés visées. Il me semble donc naturel de m’élever contre des propos “subtilement” mais insidieusement haineux et racistes.

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