Deux proches de Nicolas Sarkozy à la tête de la Fédération bancaire française
Rue89 a repéré une intéressante information dans la Tribune : François Pérol, dirigeant du groupe BPCE, ancien conseiller de l’Elysée va prendre la tête de la Fédération bancaire française (FBF). Il sera secondé par Frédéric Oudéa, PDG de la Société générale et ancien du cabinet de Nicolas Sarkozy. Rue89 rappelle que François Pérol a été nommé à la tête du groupe BPCE en contradiction avec la loi sur le pantouflage, qui impose un délai minimal entre le moment ou un agent d’Etat régule une entreprise privée et celui où il en devient salarié.
Mais ce n’est pas ça qui intéresse Aporismes.com.
Ce qui nous semble intéressant, c’est le poids qu’auront les “bons conseils” de ces deux représentants des banques auprès du président de la république, leur ancien patron, qui très probablement, leur fait confiance. Aveuglément ?
Il ressort de toutes les décisions de Nicolas Sarkozy sur un plan macro-économique et dans le domaine de la régulation bancaire sont à côté de la plaque. Elles ne résolvent en rien les problèmes et au contraire, pour certaines, les augmentent. Ceci dit, Nicolas Sarkozy a lui-même déclaré : “inutile de réinventer le fil à couper le beurre. Toutes ces théories économiques… moi-même, parfois je suis un peu perdu. Ce que je veux c’est que les choses marchent”.
Ce qui est également un peu étonnant, c’est que le président donne l’impression qu’il n’est absolument pas connecté avec acteurs des marchés financiers. Qu’il ne suit pas ce qui s’y passe. Qu’il ne prend pas en compte leurs analyses.
N’est-il pas capable d’annoncer par exemple lors de son intervention lundi 12 juillet sur France 2 que le couple franco-allemand se porte très bien alors que les marchés bruissent depuis des mois de rumeurs d’une fin de la zone euro à l’initiative de l’Allemagne ?
N’est-il pas capable d’asséner qu’il a beaucoup fait pour une plus grande régulation du secteur financier ? N’est-il pas capable de se féliciter d’avoir poussé à un encadrement des bonus des traders alors que le high frequency trading est LE vrai problème, d’autant qu’il est en train de faire disparaitre les traders et que, partant, les banques se contrefoutent de l’encadrement des bonus ?
A quand des stress tests pour les présidents ?
Et voilà que deux proches de Nicolas Sarkozy vont prendre la tête de la FBF. Juste au moement où les banques passent les fameux stress tests devant “prouver”, un peu comme le rapport de l’IGF pour Eric Woerth, qu’il n’y a aucun souci avec la solidité des banques européennes. D’une part, le contenu de ces tests pose problème, d’autre part, il n’est pas encore certain que le contenu des résultat sera publié dans son ensemble.
Avec quelqu’un qui est “un peu perdu” avec les histoires économiques et financières, il est probable que la parole de deux anciens conseillers sera prise au pied de la lettre et leurs conseils promptement mis en application. Si ces conseils étaient mauvais ou allaient à l’encontre d’une certaine réalité des marchés, on se demande quels seront les effets de l’impact dans le mur de la réalité. Il promet déjà d’être sérieux et quand tout le monde parle -et Nicolas Sarkozy ne fait pas exception- de la crise passée ou actuelle sans se poser de question sur la forme qu’elle va prendre dans les mois à venir, on est en droit de s’inquiéter.
Réécoutez Nicolas Sarkozy parler, lors de son intervention sur France 2, de la note de la France qui ne poserait aucun problème, et vous comprendrez que, soit il ment effrontément, soit il ne sait rien de ce qui se passe sur ce front. Les deux éventualités étant porteuses des mêmes risques.
Pour ceux qui ne le savent pas encore, la dette du Portugal vient d’être dégradée. Quant à la Grèce, qui bénéficie d’un plan de soutien de 750 milliards d’euros, qui a engagé des réformes drastiques, elle ne se porte pas mieux qu’avant. Lorsqu’elle emprunte, cela lui coûte plus cher qu’avant. Beau résultat. Les CDS de la dette grecque se portent assez mal. Pour mémoire, le 7 mai, juste avant l’annonce du plan de soutien à la monnaie européenne de 750 milliards d’euros, les CDS grecs étaient à 954 points de base. Ils ont depuis dépassé largement le cap des 1000 points pour revenir actuellement autour de 820 points.
Pour l’instant, la seule réponse des politiques est d’interdire les ventes à nu de CDS ou d’empêcher les agences de notation de publier leurs notations comme elles le souhaitent. On peut tuer le messager, les mauvaises nouvelles perdurent…
En tout cas, si une véritable crise bancaire faisait irruption dans le paysage avec -par exemple- une défaillance grecque ou une implosion de la zone euro, on peut être sûr d’une chose. Lorsque les deux anciens conseillers de Nicolas Sarkozy iront chuchoter à l’oreille de Nicolas Sarkozy le mot magique (“risque systémique”) qui permet aux banques de toujours se sortir d’affaire, aux frais des contribuables, ce mot sera entendu avec une célérité nouvelle.
Bien vu les artistes. Encore un effort Gribouille et ton dessin sera parfait.