Le pouvoir des mots
Les mots ont un pouvoir infini. Ils sont par exemple au coeur des révolutions. Il faut s’en méfier. Certains endorment, d’autres éveillent.
Illustrons le propos avec un exemple simple:
AFP à propos de la rencontre de Nicolas Sarkozy et de Angela Merkel lundi :
“Les deux dirigeants cherchent ainsi à démontrer que le couple franco-allemand, dont l’image avait été mise à mal notamment lors de la crise grecque, est bien “le moteur de l’Europe” qui fait front commun contre la crise de l’euro, à quelques jours du prochain Conseil européen et d’une réunion du G20 à Toronto (Canada).
“Plus que jamais, l’Allemagne et la France sont décidées à parler d’une même voix, à assumer des initiatives communes, pour donner à l’Europe les moyens de ses ambitions légitimes et pour tirer les conséquences de crises à répétition dont nous ne voulons plus”, a affirmé M. Sarkozy lors d’une conférence de presse commune avec Mme Merkel.”
Maintenant, passons à la réalité :
Reuters, toujours à propos d’Angela Merkel lundi :
“If there should be problems — and we shouldn’t talk them up — the mechanism can be activated at any time,” Merkel said. “Spain and any other country knows that they can make use of this mechanism if necessary.”
Oups.
Mieux encore… Que pense AXA de la situation de l’euro ? Est-ce qu’AXA pense que le front commun entre la France et l’Allemagne permettra de sauver la monnaie unique ?
La question elle-même de la fin possible de l’Euro est posée ces derniers temps. Quelques journaux se la sont posée. Nombreux sont ceux qui pensent que cela est impossible. Certains marchés reflètent pourtant une terrible faiblesse de l’euro, une terrible faiblesse des banques européennes. Une terrible faiblesse des Etats européens.
Souvenez-vous, depuis quelques temps, Aporismes.com vous dit que l’effet du plan de sauvetage (soutien?) à l’euro de 750 milliards est effacé sur les marchés…
Voyons donc ce que dit Theodora Zemek, “head of global fixed income at AXA Investment Managers”. Voici quelques extraits d’un article du Telegraph :
“The markets are very nervous because they can see that there is a fatal flaw in the system and no clear way out” (…) “We are in a very major crisis that has even broader implications than the credit crisis two years ago. The politicians have not yet twigged to this.” (…) Ms Zemek said the rescue had bought a “maximum” of 18 months respite before deeper structural damage hits home, with a “probable” default by Greece setting off a chain reaction across Southern Europe. “It would be the end of the euro as we know it. The long-term implications are at best a split in the eurozone, at worst the destruction of the euro. It is not going to end happily however you slice it” (…) Axa said there was “no chance” that the EU’s €750bn “shock and awe” shield will succeed since it treats Club Med’s debt trap as a short-term liquidity crisis. In the case of Greece the joint IMF-EU policy will increase Greek public debt from 120pc to 150pc of GDP by 2014, arguably making matters worse. (…) The Bank for International Settlements said French and German lenders have $958bn (£650bn) in exposure to Greece, Ireland, Portugal and Spain, mostly in mortgage and company debt rather than sovereign debt. The distinction has become meaningless in Greece. The ECB has lent Greek banks €85bn, mostly in exchange for collateral in the form of Greek government bonds.”
Paulo, il ne comprend pas. Il en parle, hein, faut pas pousser, il en parle de la situation économique et des marchés, avec ses potes, au Bar des Amis. Mais bon, faut pas lui demander d’aller plus loin que ce que lui racontent Jean-Pierre Gaillard ou les pages éco du Parisien.
Ce n’est pas grave que Paulo ne comprenne pas. Parce que Paulo, il n’a pas envie de comprendre. C’est avec Paulo et ses copains du Bar des Amis que les Marchés peuvent continuer à fonctionner, que les politiques peuvent continuer de régler leurs problèmes -pas ceux de Paulo- que la vie continue. C’est comme ça qu’un président détricote le lien social depuis trois ans, sans que personne ne trouve ça intolérable.
C’est comme ça que les langues se délient, que les ministres disent qu’avec un ça va, mais que bon, quand il y en a plusieurs, hum, hum… On se comprend, hein ?…
C’est grâce au manque de curiosité de Paulo et de ses amis que la droite dure décomplexée progresse, prend ses aises, détruit, crée les condition d’un chaos.
On dit toujours que ce qui se passe aux Etats-Unis arrive quelques années plus tard en France. Bush, ses conseillers politiques et économiques avaient de grandes idées. On a vu où ça menait. Et en France, on installe les mêmes faucons. Le truc positif, c’est que désormais, on connait la fin du film.
En attendant… Soyez curieux !
Il n’y a pas de sujet “trop compliqué”. Il n’y a que de la paresse.