LCD2007

La connerie de 2007 Revue de presse des articles à ne pas manquer

Clowneries

Clowneries en Sarkoland qui méritent d’être racontées

Pensées…

…à 2 cents d’euro : Il y a comme un truc étrange dans ce pays.

Sarkotron

Sarkotron : le Littératron remis au goût du jour

La Presse…

…fait décidément tout pour plaire. Même le pire.

Imprimer Imprimer
Home » Articles

Une « rentrée sociale » ? Où ça ?

Submitted by on 30 novembre 2007 – 16 h 11 minNo Comment

Après l’annonce de la fin des dernières grèves dans les transports en commun, les commentateurs avisés que sont les journalistes l’ont martelé – y compris ceux dits de gauche comme Laurent Joffrin de Libération : « il n’y a ni gagnant ni perdant ». Comprenez : Nicolas Sarkozy n’a pas eu à abandonner sa réforme des régimes spéciaux dans ce secteur (qui ne touchent qu’une infime partie des salariés [1]) et les n’ont pas perdu la face en acceptant un dialogue tripartite (Etat, entreprises, ). Belle analyse. Sauf qu’elle reflète tellement parfaitement la perte du sens imposée par le nouveau locataire de l’Elysée, qu’elle a de quoi laisser perplexe.

D’un point de vue totalement factuel, il convient de noter que le président se sort particulièrement bien de ce que certains avaient hâtivement appelé la « rentrée sociale ». De fait, il n’a rien mis sur la table. Seule concession : accepter des « négociations » tripartites. Cela ne lui coûte rien et il ne recule pas d’un pouce sur le contenu de sa réforme, pas plus qu’il ne s’y engage. Pour l’instant, il ne sort rien de ces négociations. Et alors ? L’essentiel est que le confit soit derrière nous (lui).

Toujours sur un plan purement factuel, les syndicats ont tout perdu. D’une part ils ne font pas l’économie de la désapprobation du mouvement de grève par une grande partie de la population et particulièrement de la part de Paulo. D’autre part, ils n’échappent pas au mécontentement de leur base, bien plus pugnace qu’eux. Enfin, ils ont laissé ces deux mécontentements grossir avec neuf jours de grève alors que les vrais « bénéfices » d’un tel conflit, à la SNCF par exemple, n’apparaîtraient, me dit-on, qu’au bout de 14 jours (perturbation profonde des plannings et de la circulation des trains, c’est à dire sans que la SNCF ne puisse faire quoi que ce soit, même en mobilisant des personnels non grévistes). Bilan globalement négatif donc du côté syndical.

Emotion contre réflexion

En attendant, Nicolas Sarkozy a appliqué à cette crise ses recettes éprouvées pour dissoudre le et le (à propos, quelqu’un a relu « La Zizanie » dans la série des Astérix récemment ?). Il a rallié certains à sa cause – et provoqué de fait une crise interne chez ses opposants – en lâchant quelques hochets et en rabâchant que c’est ça ou le chaos de particulièrement dures. Mais forcément nécessaires, qui oserait le mettre en doute ? « Je vous pose la question, et d’ailleurs ceux qui m’ont élu en conviennent, tous les le prouvent », ajouterait Nicolas Sarkozy. Faisant ainsi glisser d’un coup de baguette magique le débat sur le plan de l’émotion et de l’irrationnel là ou un peu de réflexion et de science (débat ?) économique ne ferait pas de mal.

Maintenant si l’on met on perspective ce conflit et que l’on oublie son aspect purement factuel, on peut tirer quelques conclusions qui sont un peu éloignées de celles des patrons de .

Revenons un peu en arrière. Quand est-ce que Nicolas Sarkozy recule en dépit de ses rodomontades permanentes ? Un exemple : le conflit des marins pêcheurs. Lorsque ceux-ci sont sur une ligne particulièrement dure, Nicolas Sarkozy leur attribue à peu près ce qu’ils pouvaient rêver de mieux. En clair, plus il crie fort, plus il faut taper dur pour obtenir quelque chose. Et plus on fait mine de se calmer, plus il en tirera avantage. Vous avez dit cynisme ? Nicolas Sarkozy est passé maître dans cette discipline politique en le poussant plus loin qu’il ne l’avait jamais été par ses prédécesseurs.

Quoi qu’il fasse, aussi choquant que cela puisse paraître, il vous répondra toujours : « je ne vais pas m’excuser de… ». Appliquez ses vacances post-élections sur un yacht, ses annonces de nominations dans la presse avant même que les entreprises concernées ne puissent le faire, ses amitiés et arrangements avec le monde financier, son auto-augmentation de salaire et de budget de l’Elysée, etc. aux conflits sociaux et vous comprendrez qu’il n’y a pas de solution hors du conflit dur car chez lui, le cynisme et la culture du conflit prévalent. On peut le déplorer. Mais le conflit générant le conflit et la culture dudit conflit étant au centre de sa relation aux autres, il est à craindre qu’une explosion puisse se produire. Pour revenir au conflit des marins-pêcheurs, il est étonnant – ou à tout le moins peu courant – de voir un citoyen traiter d’« enculé » un président ou lui dire qu’il risque de lui mettre « un coup de boule ». Comment en arrive-t-on là ? En étant en permanence dans le conflit.

Au pays de « fais ce qu’il te plaît »

Pour revenir au bilan de ce premier (pseudo) conflit social, transformé en montres molles par l’expert en cynisme politique qu’est Nicolas Sarkozy, il préfigure de nouveaux reculs dramatiques. Cela faisait quelques mois que le président le répétait à ses troupes : c’était là, la mère de toutes les batailles. S’il la gagnait, la voie serait libre pour atteindre le pays de « fait ce qu’il te plaît ». Et c’est gagné.

Il n’y a désormais plus de dure sur le chemin. Tout est désormais possible. Qui se lancera dans une grève dure pouvant perturber sensiblement l’activité économique ? Personne. En tout cas pas les salariés du secteur privé qui ont tant pesté contre ces « privilégiés » du secteur public qui les « prenaient en otage ». Le sens des mots a profondément été modifié avec l’arrivée de la nouvelle droite décomplexée, en France comme ailleurs. Savent-ils ces salariés du privé, ce que c’est que d’être pris en otage ? De perdre sa liberté, d’être soumis à l’arbitraire d’un preneur d’otage ? De voir sa vie mise en question à chaque instant ? Mais qu’importe. Salaud de fonctionnaires !

Cela dit, l’avenir est sombre pour ce secteur privé, déjà sans défenses depuis des lustres. Car si personne ne défend plus les « acquis sociaux », les leurs tomberont l’un après l’autre. La voie étant libre, c’est désormais leur tour… Nicolas Sarkozy va s’y atteler et lorsque quelqu’un s’étonnera du sort qui lui est réservé, lui qui avait voté pour l’actuel président, ce dernier rétorquera, sourire carnassier en coin : « je n’ai pris personne en traître, j’avais prévenu que j’allais réformer, j’avais annoncé la rupture. Je ne vais pas m’excuser de réformer, le pays en a besoin ». Pas question d’argumenter sur ce supposé besoin, la science économique n’est pas sa tasse de thé, il l’a dit : « inutile de réinventer le fil à couper le beurre. Toutes ces théories économiques… moi-même, parfois je suis un peu perdu. Ce que je veux c’est que les choses marchent ».

N’y voyez pas là une quelconque forme d’honnêteté intellectuelle, mais à nouveau ce cynisme paroxystique : « vous m’avez élu pour régler des problèmes économiques, je serai le président du pouvoir d’achat, etc. mais je vous le dis, je n’y comprends pas grand chose ».

Mais comment font-ils ces fin analystes pour trouver du gagnant-gagnant (ou tout au moins du non-perdant-non-perdant) dans une gestion cynique et aussi unilatéralement conflictuelle d’un conflit social ? Il sont forts quand même.

C’est un métier…


Lire également à ce sujet « Les gentils, les méchants, le sens des mots… »


[1] Selon l’Economiste Antoine Rémond, les économies réalisées seront de 200 millions d’euros la première année. Selon Nicolas Sarkozy cité par le même économiste dans un article titré « Ultime réforme des retraites…avant la prochaine » dans Le Monde Diplomatique du mois de décembre 2007 : « il y a vingt et un millions de salariés du privé, qui en 1994, sont passés à quarante années de cotisation. Il y a cinq millions de fonctionnaires qui, en 2003, sont passés à quarante années de cotisation. Il y a cinq cent mille agents des régimes spéciaux de retraite qui passeront à quarante années de cotisation parce que tout simplement, c’est une affaire d’équité, de . »

Related Posts:

Comments are closed.