Bidouillage comptable
Il y avait eu l’annonce de la vente de 5% de France Telecom, soit un gain de 2,73 milliards d’euros. C’était le 24 juin. Dans la foulée, on apprenait que l’Etat allait peut-être vendre également des actions EDF à hauteur de 10% du capital, soit environ 15 milliards d’euros de recettes. Nous en serions à 17 ou 18 milliards. Ce qui doit être mis en regard du paquet fiscal annoncé par le gouvernement, qui coûterait 13 milliards. Hop, en quelques opérations de bourse, les promesses de cadeaux fiscaux du président sont financés. Si l’on peut dire puisque d’un côté, on offre des réductions d’impôts, et de l’autre, on vend le patrimoine de l’Etat, et donc, celui des citoyens.
Or, si l’on en croit le Canard Enchaîné (daté du 27 juin – p. 4), l’Etat est peu avisé lorsqu’il vend ses biens. Il vient ainsi de « racheter pour 376,7 millions d’euros au fonds américain Carlyle les anciens bâtiments de l’Imprimerie Nationale qu’il lui avait vendus 85 millions à l’automne 2003 ». Selon les calculs du Canard et des experts consultés par le journal, Carlyle a procédé à des travaux importants, mais qui ne justifient pas la culbute (tout au plus ont-ils coûté 125 millions d’euros).
Citoyens : à vos portefeuilles !
Visiblement, le gouvernement ne va pas s’en tenir à des ventes d’actions pour financer les promesses du candidat Sarkozy tout en tentant (vainement) d’équilibrer les comptes.
Selon le Parisien (daté du 6 juillet – p. 9) Roselyne Bachelot et Eric Woerth auraient un peu surévalué le trou de la Sécu pour justifier les efforts supplémentaires demandés aux patients (« 1,2 milliard dont les assurés paieront un bon tiers »). Avec un trou de 6,4 milliards annoncé pour 2007, le déficit serait plus important de 2,5 milliards par rapport au chiffre attendu. Et le représentant de la CFTC enfonce le clou : l’Etat doit 1 milliard à l’assurance maladie rien que pour 2006, somme qu’il n’a jamais remboursée…
La manipulation des chiffres (je donne d’une main ce que je reprends de l’autre) n’est pas neuve. Mais cette fois, elle commence à se voir terriblement…
Cela fonctionne avec la comptabilité, mais également avec les statistiques. Nous en parlions dans « Presse : Tout Pour Plaire » et dans Clowneries en Sarkoland, le gouvernement parvient depuis quelques mois à annoncer un taux de chômage en baisse alors que si l’on regarde les chiffres de près, il y a plus de nouveaux demandeurs d’emploi que de chômeurs qui sortent de l’ANPE. Le Canard Enchaîné daté du 4 juillet s’interroge (p. 3) sur “la dernière mutation de la hausse du chômage en baisse” : comment une baisse annoncée de 24.000 des inscrits à l’ANPE est-elle possible en mai alors que 394.700 demandeurs d’emploi se sont inscrit pour le mois sous revue tandis que 383.100 en sont sortis, soit un solde positif de 11.600 chômeurs ?
Allez comprendre…
Le même Canard nous apprend que le 31 mai, François Fillon a adressé une directive à l’Insee et au ministère de l’Economie afin que les statistiques du chômage soient diffusées à 19 heures et non plus à 8h45 le matin. Bénéfice immédiat : les journalistes n’auront plus le temps de préparer une analyse fine du chiffre qui sera propulsé dans les 20h façon scoop.
Comme diraient les membres de Pénombres, on peut faire dire ce que l’on veut aux chiffres. Et ça c’est bien pratique pour un gouvernement…
En plus d’être hyperactif, notre président est magicien numérologue. Etonnant non ?
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