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L’avenir est sombre et rassurant

Submitted by on 24 mai 2007 – 10 h 24 minNo Comment

On peut, comme François Mitterrand, vouloir « laisser du temps au temps », savoir que le concept de wu-wei ne peut qu’amener un autre cycle, il n’est pas aisé d’être à la fois fataliste et confiant. Bien sûr, les politiques menées par des néo-conservateurs comme George Bush, Paul Wolfowitz, Silvio Berlusconi, Tony Blair et quelques autres, finissent par démontrer à la fois leur inanité et leurs implications catastrophiques, victimes de leur confrontation à la .

Nicolas Sarkozy l’avait dit lui même à Libération, le paysage politique se droitise : « Ségolène est plus à droite que Jospin, je suis plus à droite que Chirac, Bayrou est plus à droite que Lecanuet. Finalement, celui qui est moins à droite qu’avant, c’est Le Pen ! »

De fait, partout, la droite se droitise, s’approprie de risibles concepts intégristes, rétrogrades, nationalistes, flirte avec l’extrême droite à qui elle pique des idées pour mieux dissoudre ce concurrent. Chaque jour elle joue un peu plus avec les peurs de ses électeurs, une sorte de théorie politique en remplacement de l’intelligence, de la réflexion. « Notre pays a besoin d’un électrochoc, on n’a pas le temps de réfléchir, d’attendre, de prendre notre temps », explique d’ailleurs François Fillon, sans rire. Méfiance, car comme le dit si bien l’économiste Ignacio Muro Benayas, « en politique, la vitesse maximale autorisée est celle que peuvent digérer les citoyens. Les qui ne sont pas assez expliquées n’existent pas pour les gens, ni ne comptent comme actif politique (…) Chaque réforme nécessite des ajustements qui provoquent un petit désordre ; beaucoup de génèrent une anxiété des citoyens ».

Le développement des idées, des politiques et des méthodes de Nicolas Sarkozy ne mèneront pas à un autre résultat que celui de ses clones étrangers. Confrontées à leur application dans le monde réel, c’est à dire sorties d’un champ purement conceptuel, elles finiront par être rejetées par une majorité. La seule question est de savoir combien de temps cela prendra.

Pour que la prise de conscience s’effectue, il faudra la réunion d’un certain nombre de facteurs. Il faudra que les acteurs de notre agissent.

Coupable aveuglement…

La tout d’abord. Elle est la caisse de résonance à défaut d’avoir une pensée. Sans la télévision et dans une moindre mesure, la écrite (mais elles sont interdépendantes et l’une sans l’autre ne pourra rien changer) rien ne se fera. Chacune devra servir d’aiguillon pour l’autre afin de relayer le mécontentement qui ne manquera pas de se faire jour lorsque les Français auront à juger non plus d’une personnalité (ce qu’ils ont fait lorsqu’ils ont choisi leur vibrionnant président), c’est à dire des apparences (dont la perception peut être nettement déformée par les media justement), mais des réformes qui sont cachées derrière.
Jusqu’ici, tous ces intervenants de la société ont montré un coupable aveuglement. Des qui se disaient heureusement surpris d’être reçus par le président avant même son installation à l’Elysée (il leur en faut peu) et qui déchantent déjà, à la presse, qui relaye les moindres faits et gestes d’un président qui l’aveugle par son hyper-activité (la de rater une info, coco : les autres vont, ou risquent de… couvrir, il faut donc couvrir préventivement). En passant par les Français eux-mêmes qui sont forcément les plus coupables, ayant installé à son poste le président qui leur imposera ses désagréables réformes par la suite. Leurs peurs les ont consumés et ils ont accordé leur confiance à celui qui les avait attisées pour mieux proposer des solutions chimériques.

Je vote “Personne”

Les politiques enfin. Ceux qui sont censés être l’opposition. Englués dans leur dépit de n’être pas maîtres du pouvoir, cette chimère après laquelle ils courent, ils en oublient leur rôle. Celui de contre-pouvoir, de révélateur des contradictions, des mensonges de leurs adversaires (dans un sens ou un autre). Ils font aujourd’hui plus qu’hier la preuve qu’ils ne cherchent pas les suffrages pour améliorer la vie des électeurs, mais la leur et celle de leurs amis. Qui me représente ? Personne. Je vote Personne…

Inutile de jeter la pierre à qui que ce soit. Chacun aura pour juge son propre miroir. En voyant son reflet, en regardant en arrière, les photos sur le perron de l’Elysée ou de Matignon, les sourires échangés, les poignées de mains appuyées, les contorsions intellectuelles et syntaxiques, les passages de brosse à reluire, comme dirait le Canard Enchaîné, les compromissions. Chacun réglera ses comptes avec sa conscience dans son coin. Inutile donc de juger tel ou tel.

Mais il ne faut pas se méprendre. Ces règlements de comptes individuels, dans le silence de l’introspection ne seront pas sans conséquences. Il y a ceux qui prendront conscience de leurs erreurs de jugement. Ce ne sera pas forcément simple et sans douleur pour eux. Mais il y a aussi ceux qui nieront leurs erreurs d’appréciation, qui les refouleront. Et il n’est besoin d’être fin psychiatre pour savoir à quoi mènent les refoulements. Pour tous donc, il y aura un malaise. Un sentiment diffus de lendemain de cuite qui passe mal. La « confiance des consommateurs » comme disent les économistes s’en ressentira et partant, l’état du pays tout entier.
Outre-Atlantique, rares sont ceux qui peuvent aujourd’hui se prévaloir d’une opposition à George Bush datant du début de son premier mandat en janvier 2001. Et il faut bien le dire, l’Oncle Sam a aujourd’hui la gueule de bois…

Mais il est rare que l’être humain tire des leçons des expériences des autres. Il veut expérimenter par lui-même. Sans quoi personne ne jouerait au Loto… Et pourtant, cette fois, il n’y avait même pas de lot à gagner…

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