Otages et déficit budgétaire
En février dernier, Nicolas Sarkozy, toujours expert en finesse et en politesse, avait lancé à propos des deux journalistes otages en Afghansitan:
«Il faut que les Français sachent le coût de cette histoire»
Peu après, c’était le chef d’état-major des armées françaises, le général Jean-Louis Georgelin qui expliquait :
«A l’heure actuelle, nous avons déjà dépensé plus de 10 millions d’euros pour cette affaire. Je donne le chiffre parce que j’appelle au sens de la responsabilité des uns et des autres», avait-t-il poursuivi, assurant «bien sûr» qu’il ne s’agissait «pas de remettre en cause le droit à l’expression et la liberté de la presse».
Bien sûr…
Tout en invitant la presse à ne pas parler de cette prise d’otages, les responsables politiques de droite décomplexée multipliaient les déclarations grossières :
Le secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant, avait indiqué que l’enlèvement des deux journalistes avait suscité la colère du président qui avait alors dénoncé une «imprudence vraiment coupable» de leur part. «Ils font courir des risques aussi à beaucoup de nos forces armées, qui du reste sont détournées de leurs missions principales. Je crois que, quand même, le scoop ne doit pas être recherché à tout prix», avait ajouté Claude Guéant, soulignant le «coût tout à fait considérable» de cet enlèvement.
Etonnament, ni le président, ni son secrétaire général, ni le chef d’état major ne sont montés au créneau pour dénoncer le «coût tout à fait considérable», l’«imprudence vraiment coupable», d’Areva, une société qui n’hésite pas à faire «courir des risques aussi à beaucoup de nos forces armées, qui du reste sont détournées de leurs missions principales.! Et tout ça pour une simple recherche du profit qui «ne doit pas être recherché à tout prix».
Car, enfin, tout de même,«Il faut que les Français sachent le coût de cette histoire». Si l’on en croit le blog de Libération Secret Défense, la France vient de procéder à un envoi massif de troupes dans la région de la prise d’otage des salariés d’Areva :
«Ce détachement interarmées - sans doute quelques centaines d’hommes – dispose d’importants moyens aériens : huit (ou dix, selon d’autres sources) avions de transport tactique, de type Transall C-160 ou Hercules C-130, ainsi que deux hélicoptères».
La constance n’est visiblement pas l’apanage du président français… Ou alors, Areva couvre les frais de l’armée ? Sans quoi tous ces otages vont empêcher notre hyper président de combler le déficit (abyssal) budgétaire, comme il l’a promis.