Depuis trois ans, notre pacte social est piétiné par Nicolas Sarkozy et ses amis… Jusqu’à quand ?
Quelques mois avant la dernière présidentielle, Kitetoa.com lançait une revue de presse “La connerie de 2007″. Elle visait à conserver une trace des déclarations des candidats, pour la plupart, tous aussi lamentables les uns que les autres. Nicolas Sarkozy s’était déjà illustré en tant que ministre de l’intérieur par son rienafoutrisme et son mépris des règles qui définissent notre pacte social, ces petits riens venus des siècles passés qui nous permettent de vivre ensemble. Depuis son élection, Aporismes.com s’est posé en observateur de sa présidence, en traducteur de la novlangue de droite décomplexée. Et des déclarations décomplexées, on en a eu à loisir…
L’affaire Woerth / Bettencourt est une manifestation du rienafoutrisme de Nicolas Sarkozy et ses amis, de sa façon si personnelle de piétiner notre pacte social. Ce n’est bien évidemment pas la pire de sa présidence. Mais elle est symptomatique.
Dernière péripétie en date de ce feuilleton, les déclarations d’Eric Woerth à propos de la remise de la légion d’honneur à Patrice de Maistre.
Citons Le Monde d’hier :
“Je n’ai rien fait de mal, je n’ai pas menti. Je n’ai pas menti à la police, je n’ai pas menti aux Français”, a-t-il déclaré. Son avocat, Me Jean-Yves Le Borgne, a précisé à l’Agence France-Presse sa position : “M. Woerth a dit aux policiers qu’il ne se souvenait pas d’une quelconque action mais que si on l’avait sollicité, il avait pu donner un avis positif, on transforme quelque chose de commun en un événement extraordinaire.”
Et Ouest-France :
Éric Woerth a démenti l’existence de cette lettre, estimant qu’il était confronté à « une entreprise de démolition ».
L’étau se resserrant fortement, la Cour de Justice de la République, qui juge les ministres risquant visiblement de s’intéresser à cette histoire, Eric Woerth (qui avait initialement nié connaitre Patrice de Maistre avant de devoir concéder qu’il le rencontrait régulièrement) modifie pour la énième fois son discours, nous apprend Le Monde :
J‘ai fait comme de multiples députés, c’est d’une grande banalité. Je n’ai jamais dit que cette lettre n’a pas existé” : Eric Woerth a reconnu, jeudi 2 septembre, devant l’Association des journalistes économiques et financiers (AJEF), qu’il avait bien écrit une lettre pour demander la Légion d’honneur pour Patrice de Maistre.
Le fait qu’Eric Woerth ait écrit une lettre à Nicolas Sarkozy, candidat à la présidentielle, lui demandant une breloque pour un donateur important de la campagne peut être considéré – par ceux qui ont évidemment un mauvais esprit prononcé - comme une sorte de trafic d’influence…
Eric Woerth se fout du monde depuis le début de cette affaire. Des policiers, de la justice, des Français… Il n’y a là, contrairement à ce qu’il dit, aucune “entreprise de démolition”. Il n’y a qu’une mise en lumière de comportements indignes. Bien entendu, M. Woerth n’est sans doute pas moins vertueux que nombre de ses collègues, de droite comme de gauche. Mais il ne l’est pas… Vertueux. Et lorsque cela se voit, il ne s’interroge pas sur ses actes, il dénonce une “entreprise de démolition”. Ce qui est en soi une nouvelle baffe assénée à ceux qui lui ont délégué leur pouvoir : les Français.
Ne rien dire, ne rien faire pour changer cette équipe, c’est participer à ce saccage de notre pacte social. S’il faut des siècles pour le bâtir, il suffit de quelques années pour le détruire. Et lorsqu’un pacte social de type démocratique est détruit, celui qui vient après est généralement inquiétant. Tout le monde l’aura compris, ce type de comportements et d’entreprises de démolition (du pacte social, pas d’Eric Woerth, qui se détruit très bien tout seul) favorise le populisme, l’idée du “tous pourris”.
« Français ou voyou, il faut choisir. » lançait sans rire Christian Estrosi, le 6 août 2010. Décidément, cette équipe gouvernementale et leur patron ont toutes les audaces. A moins qu’ils ne souhaitent changer de nationalité ?