Dérives décomplexées…
Quand la droite met la barre à droite, l’extrême droite se sent pousser des ailes. La “décomplexion” des uns fait le lit des autres. C’est un peu comme le système d’éjection pyrotechnique des fusées spatiales : les rivets cèdent un à un sous l’explosion de petits pétards qui fragilisent la structure. Qui finit par lâcher, forcément. Les Français – n’importe quel autre peuple, d’ailleurs – fonctionnent comme ça. A coup de petits pétards qui fragilisent les grands édifices que sont la République, la Constitution, la Démocratie, enfin toutes ces choses fragiles et complexes qui témoignent du labeur et de l’intelligence de l’Homme depuis quelques décennies déjà. Alors quand un pétard plus gros que les autres saute, au nom d’un hypothétique mirage sécuritaire, et qu’on renvoie les Roms chez eux, les esprits se libèrent, les langues se délient et les brèves de comptoir deviennent moins rigolotes. Ce pourrait être un bien s’ils s’agissait de grands esprits, mais c’est rarement le cas.
En témoigne le 7/9 du jour sur France-Inter, avec Bruno Gollnisch comme invité. Ce n’est pas tellement lui qui est intéressant, on connait l’homme et ses idées – qui se dévoilent d’autant plus que les esprits se “décomplexent” – mais la réaction interactive de l’auditeur ( à 10’50 environ sur la vidéo) sous le sourire goguenard et à peine réprobateur de Bruno Gollnisch – et oui , même la radio possède des caméras de vidéo-surveillance. En substance “moi je préfère voir habiter dans la région parisienne les porcs que les Arabes”. D’accord, il y aura toujours des débiles pour intervenir sur des libres antennes. Mais quand-même. L’effet cumulé de la disparition des humoristes poil à gratter du matin – qu’on aime ou qu’on aime pas – , et la banalisation des idées extrêmes – l’exemple venant d’en haut – fait péter les rivets de ceux qui jusqu’à maintenant se contentaient de conserver leurs idées puantes par devers eux, sans aucune chance de contrefeu.
Les conséquences des idées de la droite dure au pouvoir, c’est l’aboutissement d’un travail de sape et de longue haleine, entamé discrètement depuis le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Elles n’ont pas été visibles immédiatement parce qu’il faut du temps pour gangréner l’ensemble d’un territoire national – beaucoup moins de temps toutefois qu’il n’en faut pour l’assainir. Elles se sont imposées à coup de petites blagues pestilentielles sur les auvergnats et se poursuivent aujourd’hui par des actions dures dans les camps de Roms. Qui suscitent désormais des espoirs dans les esprits les plus faibles qui se prennent à rêver de faire pareil, ethnie par ethie, jusqu’à faire partie, un jour, du charter parce que leur grand mère était italienne, polonaise, voire même, hongroise, qui sait. Mais alors, il ne restera plus qu’Abraracourcix pour présider aux destinées de la vraie France gauloise.