Ca n’a pas manqué… En plein coeur de l’affaire Woerth / Bettencourt, la presse prenait acte du fait que, pour une fois, Nicolas Sarkozy ne dictait plus son calendrier aux media ni aux autres politiques. Et que se passa-t-il ? Nicolas Sarkozy organisa une nouvelle maskirovska qui fonctionna au delà probablement de ses espérances. Du coup, la presse s’est laissée piéger pour la énième fois.

L’affaire Woerth / Bettencourt réunissait tous les ingrédients pour déclencher un événement majeur. Tous les leviers étaient là pour que la presse colle le président et son gouvernement contre un mur et même, dans un coin dont il ne pouvait plus sortir. La situation était si périlleuse que le président a dû, cette fois, construire un contre feu à base d’éléments encore plus incroyables que les dernières fois.

Souvenez-vous des dernières fois… Il y a eu la nomination népotique de son fils Jean à l’Epad. Il fallait imaginer un truc suffisamment énorme pour que le tollé s’estompe. Ce fut fait avec le débat sur l’identité nationale. Alors que la crise économique se mettait en place en 2008, Nicolas Sarkozy annonçait qu’il allait “refonder le capitalisme”, que les parachutes dorés, c’était fini, que “ça ne se passera plus comme ça”… Bref, que la crise, c’était fini. Un fois la crise bien installée, les perspectives économiques catastrophiques et un déficit public au plus haut,, que fait Nicolas Sarkozy ? Il annonce la fin de la garden  party. Quelque 700.000 malheureux euros d’économies. Et ça marche. La presse ne parle que de cela.

Alors cette fois, avec l’affaire Woerth / Bettencourt, que nous a-t-il inventé ? C’était une opération difficile. D’une part parce que la presse, pouvait-il supposer, risquait de ne pas se laisser prendre, ayant déjà plongé plusieurs fois. D’autre part parce que le bruit médiatique lié à l’affaire était si important, qu’il allait falloir lancer un pavé énorme dans la marre.

Bingo. Et si on reprenait le thème de la sécurité ? Pas con. Mais attention, hein, il faudra l’assortir de déclarations particulièrement révoltantes qui lanceront l’opposition dans le jeu médiatique afin que la sauce prenne. Pas de souci. Nicolas Sarkozy n’est-il pas de son aveu même le tenant d’une droite “décomplexée” ? Ne nous encombrons donc pas de complexes et allons-y gaiement.

Ce sera la stigmatisation des Français “d’origine étrangère”. Ils seront déchus de la nationalité. C’est inconstitutionnel ? Et alors ? Le but n’est pas de faire passer un texte. Le but et de focaliser l’attention des media sur autre chose que l’affaire Woerth / Bettencourt. Ajoutons un truc délirant, au cas où. Pour être sûr que ça marche. Ah, tiens, et si on mettait en prison, pour deux ans, les parents de mineurs délinquants ? Pas mal ça. Allez, vendu. Emballez, c’est pesé.

Résultat ?

Plus un mot dans la presse sur l’affaire Woerth / Bettencourt. Personne n’a relevé non plus la nomination d’André Santini à la tête du Grand Paris…

Bravo l’artiste !

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