Savez-vous seulement où vous allez M. Sarkozy ?
En politique, la communication -et donc le vide- est bien plus importante que la réalité, les faits établis et les chiffres. Nicolas Sarkozy en est probablement la meilleure illustration depuis des années. Des promesses, des déclarations grandiloquentes, l’hôte de l’Elysée ne ménage pas ses effets de manche. Plus c’est gros, plus c’est en contradiction avec la réalité, plus ça passe.
Jusqu’ici, ceux qui s’opposent à lui sur le plan politique ne font pas mieux, tentant de répondre sur les idées, avec des déclarations vagues, loin des chiffres. Le résultat est désastreux.
Pourtant, il y a des signes qui ne trompent pas sur l’échec complet de la politique menée actuellement par le président et ses amis. Etrangement, aucune voix ne sort du lot pour les mettre en exergue.
Prenons les déclarations du ministre du Budget Eric Woerth hier : “Le déficit public de la France atteindra entre 7 et 7,5% du produit intérieur brut (PIB) en 2009 et sera «probablement» équivalent en 2010 tandis que celui de la Sécu devrait atteindre 30 milliards également en 2010. Cela correspond à un montant de «140 milliards d’euros», a-t-il précisé”. Cent quarante milliards d’euros. Reprenez votre souffle, prenez votre temps et relisez doucement trois fois. Cent quarante milliards d’euros. Une paille.
Qui se souvient de objectifs de Maastricht ? Un déficit public en deçà des 3% du PIB et une dette publique équivalente à moins de 60% du PIB. On est désormais au delà du double ! Nicolas Sarkozy est donc un gestionnaire hors pair. Ne parlons même pas du chômage qui atteint des sommets inégalés.
Bien entendu, on pourrait se dire que le président de certains Français poursuit un objectif précis en augmentant le déficit public. Cela pourrait être la traduction d’une politique déterminée. Sauf que…
Sauf que moins d’une semaine avant ses déclarations de dimanche, Eric Woerth indiquait que le déficit public “dépasserait «probablement» les 6% du PIB en 2009, alors que le gouvernement tablait jusqu’à présent officiellement sur un déficit de 5,6%”.
Quel gestionnaire, en charge des finances d’un pays est capable de dire le mardi que le déficit public représentera 6% du PIB et le dimanche 7,5%, soit un point et demi de pourcentage de plus ? Que doit-on penser de la qualité d’un tel responsable ? A-t-il une vision précise de là où il va ? Est-ce que vous confiriez vos économies à gérer à quelqu’un qui est capable de faire une erreur (approximation ?) de 2,1 milliards d’euros, ou pour les anciens, 13,77 milliards de francs ? Quelqu’un qui pense le mardi que le déficit public atteindra 6% du PIB et le dimanche, 7,5% ?
Savez-vous M. Sarkozy, où vous allez ? Avez-vous un projet précis ? Quelles sont les mesures précises que vous envisagez pour sortir l’économie française du gouffre où vous la plongez ? A part bien entendu les maskirovskas du genre interdiction de la burqa.
Après le “paquet fiscal”, qui eu les effets que l’on sait, à la veille du mur “crise financière mondiale” sur lequel l’économie française est venu s’écraser, voici la solution présentée par Nicolas Sarkozy : un emprunt. Car vous l’aurez compris en écoutant Eric Woerth, la France n’est pas du tout endettée et il importe de creuser très vite les déficits pour relancer l’économie. Il n’est finalement pas étonnant de voir Nicolas Sarkozy faire appel à ce supposé levier. N’était-il pas lui même aux commandes lors de l’emprunt Balladur de 1993, le dernier du genre ? Chacun sait ce qu’il advint de cet emprunt pour les finances de l’Etat. Seul Nicolas Sarkozy, feint de ne pas le savoir en en lançant un nouveau.
Nicolas Sarkozy, pas plus que Eric Woerth qui en a fait la tragique démonstration cette semaine par ses déclarations abracadabrantesques, ne sait où il va.Et, décomplexé, comme à son habitude, il l’a dit au représentants du peuple à Versailles : “Le chef de l’Etat s’est employé à dépasser le clivage droite-gauche et a invoqué l’héritage du Conseil national de la Résistance et des Trente glorieuses pour appeler la classe politique, les partenaires sociaux et la société civile à inventer la France de demain, tout en avouant son incapacité à déterminer dans le temps la sortie de crise. “Ce que je vous propose, c’est le mouvement. Ayons le courage de changer””. Le mouvement ou la fuite en avant ?
Une chose est certaine, ce n’est pas Nicolas Sarkozy qui paiera les pots cassés de sa politique. Ce sont les Français. De même qu’aujourd’hui, ce sont les Américains qui payent les dégâts des années Bush.