No fear
Comme il est fort, ce petit homme, avec ses gros muscles bandés. Comme il sauve bien le monde. D’un coup de baguette magique, il va imposer à tout le monde, y compris aux américains de “refonder” le capitalisme mondial.
Dans les cours de récréation, à la maternelle, les enfants se montrent parfois leur zizi, pour voir qui a le plus gros (ou grand).
Dans la cour des grands, c’est à celui qui peut le mieux sauver le monde.
Et tous les coups sont permis pour être le meilleur sauveur du monde.
Ainsi, la presse s’est complaisamment fait l’écho de la mission salvatrice du mari de Carla Bruni. Les spin doctors ont bien travaillé. M. et Mme Michu, que j’ai rencontrés au bar de Gérard l’autre matin, me l’ont confirmé. Notez que même le patron de Libération me l’a dit (à peu près de la même manière) ce matin à la radio. Pour eux, l’hôte de l’Elysée a bien rempli son rôle et le système financier mondial est hors de danger. Ouf. Ils sont rassurés.
Pas moi.
De fait, il est fort probable que ce ne soit pas l’ancien patron de l’UMP qui ait décidé des actions à mener contre la crise financière. Pas plus que ses amis dirigeants du monde. Non, ce sont plus probablement les banquiers, les financiers de tous poils et les acteurs des marchés. Sans tomber dans la théorie du complot, il est fort probable que ceux-ci aient dressé un tableau qui les a menés à pouvoir faire aux dirigeants de ce monde, une proposition qu’ils ne pouvaient pas refuser. C’était sans doute quelque chose du genre : “sauvez-nous ou disparaissez dans le chaos”.
Ce qu’est l’effet domino n’est pas long à comprendre, même pour le mari de Carla Bruni. En revanche, ses effets collatéraux… Un peu plus. Sans doute.
Il faut remonter à la crise financière de l’Argentine de 2001 pour se faire une idée.
Les révolutions et le chaos dans la rue, ce n’est ni bon pour les affaires, ni pour les politiques.
Et quand on a un intérêt supérieur commun… On trouve un terrain d’entente.
Maintenant, que n’ont pas répercuté les media ? Et partant, que ne savent pas M. et Mme Michu ?
Simplement que la crise de confiance qui affecte les liquidités est peut être circonscrite -temporairement du moins- mais cela ne protège pas M. et Mme Michu des suites de cette amusant spectacle de fin d’année.
La récession est là et elle risque fort de s’aggraver. « Par nature, la France n’est pas en récession », indiquait il y a peu le ministre du Budget, Eric Woerth. Et pourtant… La Banque de France, après l’Insee a livré son lot de chiffres fort déprimants en matière de croissance… Enfin, de ralentissement.
L’Unedic est également morose pour ce qui est des chiffres du chômage à venir.
Mais qu’importe. Tant que M. et Mme Michu sont persuadés que tout va bien et qu’ils le font savoir autour d’eux, au bar de Gérard…
“Refonder” le capitalisme. Ca c’est pour le côté comique de nos dirigeants.
Selon le vieil adage “plus c’est gros, plus ça passe”, ils nous annoncent que désormais, “ça ne se passera plus comme ça”. La Der des Der qu’on vous dit.
Sauf que… Les produits financiers étant ce qu’ils sont, les marchés étant ce qu’ils sont, rien ne peut plus être arrêté (*). Encore moins “refondé”. Ainsi, la maskirovska des “parachutes dorés” ou des “règles comptables” laisseront un boulevard à la prochaine crise.
(*) Les experts financiers comprendront très bien ici ce que l’auteur veut dire, et ceux qui ne sont pas experts se réjouiront de ne pas subir de longues et ennuyeuses explications :)