Nicolas Sarkozy ou Nicolas Sarkoxymore ?
Il y a chez Nicolas Sarkozy une intéressante schizophrénie dans le discours. Elle est assez évidente. Il tente de concilier les idées d’une droite qu’il veut « décomplexée », assimilant donc une bonne partie des aspirations des sympathisants du Front National (environ 13% de ses électeurs, selon les estimations) et les idées du centre ou de la gauche (appropriation de figures symboliques comme Jaurès). On conviendra aisément que ses opinions très droitières sont sincères. Plus dure est l’acceptation de l’idée que Nicolas Sarkozy pourrait être sincère lorsqu’il dit au cours de ses voeux : « Nous ne résoudrons rien si nous ne bâtissons pas l’école et la ville du XXIème siècle, si nous ne mettons pas au cœur de la politique le souci de l’intégration, de la diversité, de la justice, des droits de l’Homme, de l’environnement (…) ».
Cette schizophrénie ne devrait pas avoir un effet très stabilisateur sur les Français. De la même façon qu’il y a le feu et l’eau, qu’un pouvoir ne devrait exister qu’en face d’un contre-pouvoir, que nommer la laideur implique l’existence de beauté, il est souhaitable qu’une personne à la tête de l’Etat ne mélange pas dans son propre esprit des idées de droite très à droite et des idées de gauche. Comment conjuguer des quotas d’expulsion, plus de répression et moins de prévention, un laminage des acquis sociaux et des aspirations en matière de Droits de l’Homme, d’intégration, de diversité ? On nage en plein règne du faux, dans une mer d’oxymores permanents.
Cette dichotomie aura sans nul doute un effet sur celui qui en fait une règle d’existence, c’est à dire Nicolas Sarkozy, mais également sur les Français. Jamais la perte de sens n’a été bénéfique en tant que « politique de civilisation »…
On peut noter une sorte d’assimilation du concept lorsque les mêmes Français qui élisent Nicolas Sarkozy comme président, élisent Yannick Noah comme homme préféré et que celui-ci explique : « qu’est-ce qu’il y a eu à part un brouhaha et de la godille ? Quels problèmes ont été réglés ? Je ne veux même pas parler du côté diversion avec la mise en scène de sa vie privée, et tous les médias qui suivent. C’est le roi avec sa cour et les courtisans se mettent à genoux. (…) Tout me choque ! L’attitude, le ton, l’arrogance me choquent. Le déballage de richesse, le cynisme me choquent. La désinformation me choque, tout (…). Je ne suis même pas choqué, je suis juste dégoûté ».
Alors qu’à en croire les sondages, la cote de popularité de Nicolas Sarkozy est toujours à 51%, les Français sont 44% à soutenir et 44% à rejeter sa politique. En revanche, ils n’ont pas la même confiance en l’avenir que Nicolas Sarkozy.
Visiblement, la méthode Coué utilisée dans ses voeux n’est pas partagée. voici ce que disait le 31 décembre le président : « A chacun de vous je veux adresser un message d’espérance, un message de foi dans la vie et dans l’avenir. Je voudrais convaincre même celui qui en doute qu’il n’y a pas de fatalité du malheur. (…) Au milieu des joies et des peines que l’existence réserve à chacun d’entre nous, nous pouvons, par l’effort de tous, bâtir une société où la vie sera plus facile, où l’avenir pourra être regardé avec davantage de confiance. (…) J’ai, avec François Fillon et tout le gouvernement, engagé depuis 8 mois beaucoup de changements profonds. (…) C’est avec le même esprit d’ouverture, avec la même volonté de tenir mes engagements que j’aborde cette nouvelle année où, malgré une conjoncture internationale freinée par la crise financière, les premiers résultats de l’action entreprise devraient se faire sentir. »
Or voici que vient de tomber cette intéressante statistique de l’Insee qu’est la confiance des ménages (un peu plus fiable sans doute que les sondages d’opinion). Et que nous disent les ménages. Ne regardons pas d’un mois sur l’autre (ce n’est déjà pas très bon), mais entre mai 2007 et décembre 2007. Et dans le détail…
De -14, l’indice résumé est passé à -29… La confiance pour ce qui est de la situation financière personnelle (passé) est tombée à -23 contre -15 en mai. Les perspectives d’évolution de cette situation financière sont à -9 contre 7. Et le niveau de vie (passé) ? Il passe à -61 contre -50. Pour l’avenir ? L’indice s’établit à -31 contre -1. La confiance des ménages ne s’est améliorée que pour le chômage et l’évolution des prix.
Encore un effort M. le président…
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