Laver la pauvreté plus blanc que blanc
Dans le temps, Coluche s’interrogeait sur ce que “laver plus blanc que blanc” pouvait bien vouloir dire. La pub serait capable de “vendre” des trucs improbables. Et même, irréalistes. Figurez-vous qu’en politique, c’est un peu pareil. De droite comme de gauche, ceux qui veulent nous représenter se proposent souvent de réaliser des choses improbables. Dernière blague du genre en date, la lettre de mission de Nicolas Sarkozy à Martin Hirsch, haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté…
Payé 25% de moins qu’un ministre, Martin Hirsh est chargé par le président de réduire la pauvreté en France “d’au moins un tiers en cinq ans”.
Il va vraiment falloir qu’il travaille plus (sans gagner plus) pour parvenir à ce but. Bien sûr, il ne sera pas tout seul pour y arriver puisque Nicolas Sarkozy lui demande sans rire “d’impliquer, aux côtés de l’Etat, les acteurs concernés (partenaires sociaux, collectivités territoriales et associations) dans la formulation et le suivi de cet objectif et de tout faire pour l’atteindre”, ainsi que de proposer “les indicateurs nécessaires” à cette fin.
Mais tout de même, il n’est pas nécessaire d’être Coluche pour comprendre qu’il y a dans cet objectif quelque chose d’étonnant. Lao Zi disait déjà au VI ème siècle avant J.C. que dans l’univers, tout est lié. Exemple simple, lorsque vous nommez la laideur, vous donnez une existence, que vous le vouliez ou non, à la beauté (ou inversement). De fait, si vous définissez la laideur d’une chose ou d’une personne, c’est par rapport à la beauté supposée d’une autre. Rien n’existe ou n’agit par lui même sans avoir des répercussions sur le reste de l’univers. Bref. Notre président, en demandant à une personne de son gouvernement de réduire la pauvreté d’un tiers en cinq ans dans ce pays semble oublier que notre économie s’inscrit dans une économie mondialisée. Il semble oublier que les acteurs pouvant avoir un impact sur la pauvreté sont -même simplement en France- légion et qu’il semble improbable, pour ne pas dire impossible, de réduire la pauvreté par décret lettre de mission. Et rien ne dit qu’ils s’impliqueront dans cette entreprise qui aurait des répercussions sur leur niveau de richesse.
Il ya tout de même quelque chose que Martin Hirsch ne devrait pas perdre de vue. C’est la vision que Nicolas Sarkozy à du travail mené par les personnes qu’il a choisi pour mener sa politique. Elles seront évaluées et jugées sur leurs résultats. Laver plus blanc que blanc semble un objectif difficile a réaliser. Si l’on s’en tient à ce qu’à annoncé le président de la république, l’avenir de Martin Hirsch est déjà tracé. Et à l’inverse du sketch de Coluche, ce n’est même pas drôle…